Suisse et Dubai sont deux grands noms du raffinage dans le monde. Ils constituent les destinations prisées des orpailleurs, artisans bijoutiers, spécialistes, usines de raffinage présentes au Mali
La Suisse et les Emirats arabes unis, deux grands lieux du raffinage mondialement connus, constituent les destinations prisées des orpailleurs, artisans bijoutiers, specialists voire des usines de raffinage du Mali.
Si les artisans bijoutiers maliens se demandent depuis belle lurette où se trouve l’or du Mali, à cause de son absence sur le marché malien ou sur leur enclume, les acteurs de l’industrie minière ne s’étonnent pas moins de cette absence du métal jaune.
Pourtant, depuis 2015, les chiffres officiels indiquent une production allant de 55 à 65 tonnes d’or en moyenne par an. L’or du Mali est difficile à trouver au Mali, notamment sur l’enclume d’un bijoutier. Moussa Camara, président des artisans bijoutiers du Mali, peine à admettre que le marché local reste pauvre de l’or extrait au Mali. Cette triste réalité est partagée, s’il faut croire, que l’un des «plus grands producteurs d’or en Afrique, n’en a pas sur son marché local», s’attriste l’artisan bijoutier. Difficile de comprendre pourquoi la lueur de l’or malien reflète ailleurs qu’au Mali.
«Pour avoir 4 grammes d’or en une journée, c’est tout un problème pour nous. Nos clients nous échappent souvent à cause de la rareté, voire du manque d’or à notre disposition. C’est pourquoi vous constatez depuis un certain temps, que les Maliennes préfèrent aller acheter directement leurs bijoux dans les Émirats arabes unis. Parce qu’elles n’en trouvent en qualité, à plus forte raison en quantité » se lamente Adama Kanté, bijoutier à Bamako Coura, qui cherche à comprendre comment : « l’or acheté dans ces pays (qui ont investi dans le raffinage), est censé être de bonne qualité, alors que son origine est au Mali ». Son étonnement trouve sa réponse en effet dans la problématique que pose le raffinage de l’or au Mali.
Le raffinage, l’ombre de l’or malien !
Une équation vieille de plusieurs années, mais qui peine à trouver une solution. L’expérience d’une solution adaptée avait été tentée par la raffinerie qui porte le nom de l’homme le plus riche de l’histoire de l’humanité, Kankou Moussa. Mais avec très peu de succès. Pourtant, cette industrie de raffinage n’est pas un investissement modique. Avec une capacité de raffinage estimée à 150 kg d’or, la raffinerie Kankou Moussa partait d’une politique (public-privé) ambitieuse. L’industrie de raffinage avait fait une proposition de participation allant à « 49% de participation à différents gouvernements, mais sans réponse ».
Le président de la raffinerie Kankou Moussa, Dario Littera, ne s’en démonte pas. Le raffinage sur place reste une alternative crédible pour prouver aux Maliens la splendeur et la richesse de leurs ressources naturelles.
En effet, M. Dario argumente : les pays comme la Suisse, ou les Emirats Arabes Unis, ne sont pas « naturellement » riches en métal jaune, mais ils le sont pourtant dans leurs comptoirs d’or, grâce aux industries de raffinage développées dans leurs pays et qui attirent l’or vers eux. Pour Dario Littera, la Suisse et les Emirats Arabes Unis produisent “Zéro gramme d’or”, mais possèdent de l’or en quantitié, alors qu’au Mali, leader producteur, peine à avoir ses banques d’or.
Capter la richesse des réserves importantes en or
La politique de raffinage permet de capter la richesse des réserves importantes en or. Cela, au grand dam des pays producteurs qui n’ont encore pas compris la nécessité d’investir dans le raffinage sur place. « Pourquoi on part vendre l’or à Dubaï ? Et pourquoi les ressortissants de Dubaï ne viennent pas acheter l’or ici sur place ? » se demande Adama Diallo, un autre spécialiste du domaine, avant d’étaler les pertes qui subviennent « Si on a notre marché fourni, les expatriés viendront acheter l’or ici sur place » gage-t-il. Et avec tous les bénéfices, d’un «or certifié, avec notre label malien» avec ses avantages “le Mali mérite enfin cela”. Mais si “tel n’est pas le cas, les pertes du métal jaune qui se transporte vers Dubaï, pourraient constituer des pertes de richesses tirées de l’or et plusieurs dividendes, comme les recettes fiscales.
Vendre le label du métal jaune “Made in Mali’’
Suisse et Dubaï, deux capitales mondiales de l’or, mais qui n’en possèdent pas. Face à cette problématique lamentable, les autorités de la transition, à travers une politique volontariste axée sur les mines, doivent transiter d’une politique vulnérable vers une politique qui sécurise et raffine l’or du Mali au bénéfice des générations actuelles et futures. Cela mettra fin à un manquement historique, infernal pour le métal précieux qu’est l’or, préjudiciable à notre économie et réducteur pour les artisans bijoutiers qui rêvent de vendre le label du métal jaune “Made in Mali”.
Ousmane Tangara
Le Challenger