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Annoncé pour 2027 : L’Eco n’émet plus d’échos !

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En 2021, les dirigeants des 15 pays membres de la Cédéao se sont mis d’accord pour le lancement, en 2027, de la monnaie unique «Eco». A quatre ans de cette échéance certes lointaine mais si proche, le chemin pour faire circuler la monnaie unique sur le continent reste encore long.

 

La monnaie unique annoncée en grande pompe dans les pays de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) se fait attendre. Pour cause : les données macro-économiques de plusieurs pays de l’espace laissent à désirer ; la sous- région est en proie à plusieurs crises – sécuritaire, sanitaire, politique, institutionnelle. Alors que son lancement est prévu pour 2027, l’Eco n’émet plus d’échos.Plusieurs raisons circulent autour du sujet, qui est loin de faire l’unanimité dans les palais présidentiels, encore moins auprès des experts en économie du continent. Conséquences, le débat sur l’Eco semble au dernier rang des priorités et agendas communautaires.

 

Causes ‘’plurielles’’

 

Pour lancer la nouvelle monnaie, force est de constater que les défis et enjeux ne sont pas moindres. Ils ont pour noms : crise économique, instabilité politique, effets du Covid 19, divergences sur la méthode et la stratégie pour parvenir à l’Eco, le respect des critères de convergences communes, les exigences mises sur la table par des géants de l’espace économique.

 

Aux premières analyses, l’Eco est attendue sur un espace vaste géographique englobant 15 pays et 8 monnaies différentes. Le FCFA dans les pays de l’U.e.m.o.a, le Naïra au Nigeria, le Cedi au Ghana, le Leone en Sierra Leone, le Dalasi en Gambie. Bref, les pays ont la couleur de leurs monnaies nationales et, surtout, leurs agendas.

 

Si la crise du Covid-19, la guerre russo-ukrainienne ne sont pas des facteurs favorables à l’émergence de l’Eco, son lancement, faut-il le dire aussi, devient hypothétique du fait des relations tendues entre la France (chef de file du processus) et des pays comme le Mali et le Burkina Faso.

 

Des critères ‘’difficiles’’ à converger

 

Concernant les critères de convergence pour lancer l’Eco, chaque pays membre de la Cédéao devrait, d’ici 2027, parvenir aux critères de convergence dits de premier rang. Il s’agit d’un déficit budgétaire limité à 3% du PIB. A titre indicatif, le déficit budgétaire par rapport au PIB en 2023 est de (4,3% du PIB au Bénin ; 5,1% au Burkina Faso, 4,73% au Mali ; 4,9% au Sénégal). Tous ces pays dépassent le taux de convergence requis, qui est de 3%. En outre, il faudrait d’ici 2027 stabiliser l’inflation à 10% maximum et ramener la dette à moins de 70% du PIB. Le déficit du Ghana, une économie pourtant non négligeable du continent, est estimé à 80% de son PIB.

 

Pour faire circuler l’Eco en 2027, il faudrait aussi que chaque pays respecte au moins trois ans de convergence. En clair : tous les pays de la Cédéao, ‘’doivent’’ impérativement respecter les critères de convergence à partir de fin 2023 et les préserver jusqu’en fin 2026. Ce qui est très difficile dans un contexte marqué des crises, et où la crise sécuritaire impose son agenda aux pays.Les critères de convergence restent donc, pour le moment, une zone d’ombres à éclairer. Le seul pays de la région qui respectait tous les critères de convergences en 2020 était le Togo. Même le Nigeria, première puissance économique du continent, ne semble pas motivé aux yeux de certains analystes.

 

La première n’est pas ‘’Première’’

 

En effet, des économistes estiment que le Nigeria, première puissance économique de la zone, ne joue pas son rôle de leader à même de tirer les autres vers le haut, afin que les critères soient satisfaits. Sauf que, les difficultés n’épargnent pas non plus Lagos et son économie, le pays étant à un taux d’inflation à deux chiffres, c’est-à-dire nettement au-dessus des critères. La première puissance, bien que économiquement forte, n’est donc pas elle-même meilleure élève de la classe.

 

D’un point de vue général, l’insécurité dans presque tous les pays ouest-africains, la crise du Covid et celle de l’Ukraine ont fait exploser les dépenses, notamment militaires. Les subventions publiques ont explosé pour creuser les déficits. Les investissements dans les besoins sociaux d’urgence ont augmenté, renforçant ainsi les déficits budgétaires et les inflations. L’Eco pour 2027 ? Il reste encore 3 ans pour y parvenir. Mais le temps file si vite !

 

Ousmane Tangara

 

Source: Le Challenger

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