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“Je suis mère d’un djihadiste et je ne cesserai jamais de l’aimer”

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Véronique Roy, maman d'un fils djihadiste décédé, se bat pour empêcher d'autres jeunes de partir
Je suis mère  djihadiste cesserai jamais aimer

Véronique Roy a tout tenté pour sauver son fils Quentin des griffes de Daech. Depuis l’annonce de son décès en 2016, elle se bat pour comprendre et empêcher d’autres jeunes de partir.

Certains voudraient la voir renier son fils. Véronique Roy s’y oppose : “Cela m’est impossible. Une mère peut continuer à aimer son enfant et détester ce qu’il a fait. Ce n’est pas incompatible”, confie-t-elle. C’est d’abord pour lui, Quentin, ce fils tant aimé, qu’elle a voulu écrire. Un témoignage bouleversant et salutaire paru en février 2017 dans le livre Quentin, qu’ont-ils fait de toi ?. Sa façon à elle d’éviter que l’horreur et la violence aient le dernier mot. “Je tenais à raconter sa vie qui ne se réduit pas à ses deux dernières années, celles de la radicalisation et du départ pour la Syrie. Cela fait partie de lui, je ne l’oublie pas. Mais Quentin était bien plus complexe que cela. J’aimerais que son histoire empêche d’autres jeunes de partir. Là-bas, ils sont de la vulgaire chair à canon.”

En janvier 2016, la vie de Véronique, directrice de clientèle dans le secteur de la presse, bascule. Par un simple message sur WhatsApp, la mère de famille apprend le décès de son fils cadet de 23 ans, Quentin. Mort a priori dans les rangs de l’Etat islamique, quelque part entre la Syrie et l’Irak. “Ce livre, c’est ma façon d’offrir une sépulture symbolique à mon enfant à qui je n’ai pas pu dire au revoir et dont j’ignore les circonstances exactes de la mort.” Quentin, le passionné de sport, altruiste, hypersensible et entier, et dont le profil ne correspondait en rien aux critères supposés des candidats au djihad. “Une frange de l’opinion se rassure en imaginant qu’il ne s’agit que de gamins en perdition. Les choses ne sont pas si simples. Certes, il y a parmi eux des criminels ou des cas psychiatriques, mais aussi beaucoup de jeunes qui ont reçu de l’amour et de l’éducation.”

“Il a arrêté la musique, rompu avec sa petite amie”

C’était le cas de Quentin, qui a grandi dans un quartier pavillonnaire à Sevran (Seine-Saint-Denis) et ne manquait de rien. “Lorsqu’il s’est converti à l’islam, nous avons respecté son choix. Nous l’avons même accompagné dans ce cheminement spirituel. Mais Quentin a croisé sur sa route des fondamentalistes, des recruteurs, qui ont utilisé son besoin de sens et d’absolu pour faire dévier sa pratique.” Un engrenage mortifère face auquel ses proches refusent alors de baisser les bras. “La radicalisation de notre fils se passait sous nos yeux. Mon mari et moi avons tout entrepris pour tenter de lui faire comprendre qu’il se fourvoyait dans cet islam de plus en plus rigoriste. Il a arrêté la musique, délaissé le sport, rompu avec sa petite amie dont il était très épris, parce qu’elle n’était pas musulmane. Il était déchiré entre sa famille et les chimères idéologiques auxquelles il adhérait. Nous avons maintenu le lien pendant un an et demi. Mais l’amour n’a pas suffi…”

Un chemin de croix d’autant plus douloureux que la famille de Quentin ne trouve alors aucune aide : “Son père, son frère et moi étions seuls et démunis. Où pouvions-nous aller frapper ? Aux urgences ? A la police, alors qu’il n’avait commis aucun acte répréhensible ? Quand j’ai sollicité les responsables de la Grande Mosquée à Paris, ils m’ont répondu que cet intégrisme religieux “allait lui passer”. Nous étions tétanisés, mais incapables d’imaginer son départ. Quelques mois plus tard, sans rien nous dire, Quentin partait pour la Syrie…”

“Quentin était manipulé, sous emprise”

Après sa fuite, Véronique maintient les échanges via Internet et tente désespérément de le raisonner. En vain. Depuis, la famille de Quentin n’a cessé de se battre pour comprendre et dénoncer l’idéologie dont il est à leurs yeux une victime : “Je ne remets pas en question sa responsabilité, mais j’aimerais que l’on n’oublie pas que Quentin était manipulé, sous emprise. Même si la justice refuse de me voir ainsi, je persiste : je suis moi aussi une victime. Je n’en tire absolument aucune gloire, mais je veux que le regard sur les parents dans notre cas change. Notre chagrin est équivalent à celui des familles dont les enfants ont été victimes des terribles attentats commis en France. J’ai pour eux une immense compassion. A moi aussi, l’Etat islamique et le terrorisme ont pris un enfant. Je l’ai élevé dans l’amour, je lui ai inculqué des valeurs et Daech me l’a ôté.”

Source: Closermag

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