Après la cigarette, l’alcool, la marijuana, la jeunesse malienne s’adonnent à l’utilisation abusive du Tramadol. Nombreux sont les jeunes qui l’ont consommé pour la première fois après avoir entendu les chansons des jeunes rappeurs qui font la promotion de ces substances à travers la musique.

En vente avec les vendeuses ambulantes de médicaments communément appelée pharmacie par terre, on le classe dans la catégorie des antalgiques de niveau 2, catégorie comprenant la codéine et le dextropropoxyphène. Il agit sur le même type de récepteur que la morphine, c’est un agoniste des récepteurs morphiniques. Il a un pouvoir analgésique légèrement plus fort que la codéine (50 mg de tramadol équivalent à 10 mg de morphine). De plus, contrairement à cette dernière, le tramadol est disponible sans paracétamol et à des dosages plus élevés que la codéine. C’est pourquoi on le classe comme antalgique de palier II.b.

Il peut entraîner une dépendance. « J’ai commencé à prendre du tramadol à Kenièba où j’étais orpailleur et ça me permettait de travailler plus rapidement. Je n’observais même pas de pause et je ne mangeais pas beaucoup. Après le travail, j’avais des vertiges, et quand je voulais uriner, il me faut attendre environ 5 minutes pour pouvoir le faire. Maintenant je ne fais plus ce travail mais je continue toujours à prendre ce médicament que j’achète au bord de la route », témoigne Cheick C.

Un phénomène qui prend de l’ampleur avec les morceaux des jeunes rappeurs. « Moi j’ai connu le tramadol avec la chanson de Calibre 27, donc j’en ai parlé à mes amis, puis on a décidé d’essayer pour voir. Le tramadol nous aide à faire notre travail et maintenant chaque jour des nouveaux apprentis commencent à l’utiliser et l’effet est visible immédiatement après avoir pris le médicament. On l’achète avec les vendeuses de médicament par terre », nous explique un apprenti de Sotrama.

Généralement, l’utilisation du tramadol est la dernière alternative antidouleur avant l’utilisation de morphinique de palier III. En effet, le tramadol est le plus puissant des antalgiques opioïdes de niveau II, et son conditionnement permet des posologies importantes (jusqu’à 400 mg par jour), nous explique le Docteur Coulibaly du CHU-de Point G.

Avant d’ajouter que : Les effets secondaires sont nombreuses notamment des nausées, céphalées, vertiges, douleurs d’estomac, anxiété, crise d’angoisse, dépression, des dysfonctions sexuelles telles baisse de libido, troubles de l’érection, anorgasmie, retard de l’éjaculation. Il peut donner des hypoglycémies, même chez la personne non-diabétique. Cela serait dû à son effet sérotoninergique.

Une dose trop importante de tramadol (plus de 200 à 400 milligrammes en une prise) peut entraîner un collapsus suivi de spasmes et contractions musculaires importantes, la crise ressemblant symptomatiquement à l’épilepsie qui peut entrainer la mort. Le tramadol n’est délivré au Mali que sur ordonnance, conclut-il.

Malgré l’interdiction de la vente de ce médicament sans ordonnance, les jeunes ne rencontre aucune difficulté pour se procurer du tramadol car disponible partout avec les vendeuses de médicaments par terre ou pharmacie par terre.