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Les États-Unis demandent la saisie du pétrolier iranien immobilisé à Gibraltar

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À la surprise générale, Washington a demandé à Gibraltar, au nom de l’entraide judiciaire, de saisir le pétrolier iranien retenu depuis un mois en raison de soupçons de violation des sanctions imposées à la Syrie.

Coup de théâtre autour du pétrolier iranien immobilisé à Gibraltar. Les États-Unis ont demandé, jeudi 15 août, aux autorités de Gibraltar de prolonger l’immobilisation du pétrolier iranien qu’elles retiennent depuis un mois, alors que le territoire britannique s’apprêtait à laisser repartir le navire.

Tandis qu’un accord entre Londres et Téhéran semblait à portée de main, Washington a déposé dans la nuit de mercredi à jeudi une demande d’entraide judiciaire pour que le navire soit saisi, a expliqué jeudi matin l’avocat du ministère public, Joseph Triay, devant la Cour suprême du territoire britannique. “Le ministère américain de la Justice a demandé la saisie du Grace 1 en allégant un certain nombre de motifs qui sont en train d’être examinés”, a précisé un porte-parole du gouvernement de Gibraltar, ajoutant que l’audience était reportée à 16 h (14 h GMT).

“Piraterie”

La Cour devait décider de prolonger ou pas l’immobilisation du pétrolier Grace 1, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie en violation d’un embargo européen. La fin de l’immobilisation du Grace 1 est pour l’instant fixée au samedi 19 août.

Sans cette demande reçue à 1 h 30 (23 h 30 GMT mercredi), “le navire serait reparti”, a déclaré le président de la Cour suprême, le juge Anthony Dudley.

Une demande d’entraide judiciaire consiste généralement à demander à un tribunal, tel que celui de Gibraltar, d’appliquer une décision d’un tribunal étranger, dans ce cas, d’un tribunal américain.

Entretemps, le capitaine et les trois officiers du Grace 1, qui étaient en liberté sous caution, ont été formellement libérés, a annoncé un porte-parole du gouvernement de Gibraltar.

Le Grace 1, chargé de 2,1 millions de barils de pétrole, a été arraisonné le 4 juillet par la police de Gibraltar et les forces spéciales britanniques, provoquant une crise diplomatique entre Téhéran et Londres.

Téhéran assure que le pétrolier naviguait dans les eaux internationales et accuse le Royaume-Uni de “piraterie”, réclamant depuis le début que les Britanniques le laissent repartir.

Le 19 juillet, l’Iran a immobilisé dans le détroit d’Ormuz un pétrolier britannique, le Stena Impero, soupçonné de “non-respect du code maritime international”.

Regain de tensions diplomatiques

À la veille de l’audience, la diplomatie semblait pourtant sur le point de déminer la crise. “J’espère que ce problème sera résolu dans un avenir proche”, avait déclaré, mardi, un haut responsable de l’autorité portuaire iranienne, Jalil Eslami à l’agence de presse d’État Irna.

Selon lui, les Britanniques s’étaient montrés désireux de résoudre le problème et des documents avaient été échangés.

De fait, cette audition devant la Cour suprême “aurait dû se passer différemment, a déclaré Joseph Triay. Ce devait être une demande de levée de l’ordre de suspension”.

Pour Sanam Vakil, chercheuse à l’institut Chatham House de Londres, les négotiations visaient probablement à obtenir que l’Iran s’engage à ne pas livrer la cargaison en Syrie.

“Si le Grace 1 est libéré, et ce serait probablement le cas si l’Iran s’engageait en coulisses à ne pas exporter ce pétrole vers la Syrie, alors il est probable que le Stena Impero sera lui aussi libéré”, avait elle déclaré à l’AFP avant l’audience de jeudi.

Selon l’analyste, Téhéran soupçonne les Britanniques d’avoir arraisonné le Grace 1 à la demande des États-Unis, qu’ils considèrent comme l’instigateur d’une “guerre économique contre l’Iran visant à long terme à empêcher l’Iran de reprendre sa part de marché dans le secteur pétrolier. Donc l’Iran tente aussi de défendre sa part”.

L’immobilisation du pétrolier et le regain de tensions diplomatiques qui en ont découlé ont brouillé les efforts des États européens qui tentent de sauver l’accord nucléaire avec l’Iran, dont les États-Unis se sont retirés l’an dernier, imposant de lourdes sanctions à la République islamique.

Source: France24

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