Accueil Le Monde Crise migratoire: la Pologne déploie des milliers de soldats à sa frontière...

Crise migratoire: la Pologne déploie des milliers de soldats à sa frontière avec la Biélorussie

169
0
PARTAGER

La situation reste extrêmement tendue à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Plusieurs milliers de réfugiés sont toujours massés à la frontière du côté biélorusse, faisant face au dispositif militaire mis en place par la Pologne.

Ce sont désormais 15 000 soldats polonais qui ont été déployés par Varsovie sur la zone frontalière que la Pologne partage avec la Biélorussie pour contenir l’afflux de migrants qui tentent d’entrer dans le pays. Une situation intolérable pour Michelle Bachelet, haute-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies.

« Ces personnes sont bloquées aux frontières de ces pays, et ces pays ont donc l’obligation de leur fournir un abri, de l’eau, de la nourriture et des soins. Ils ont également l’obligation de leur accorder la protection à laquelle ils ont droit. Certains d’entre eux peuvent obtenir le statut de réfugié, et il faut déterminer s’ils méritent ou non ce statut », a-t-elle lancé.

Aux yeux de la haute-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, la Pologne et la Biélorussie sont coupables de ne pas respecter les conventions internationales sur le droit d’asile. « Il y a des allégations très sérieuses selon lesquelles tout cela a été orchestré par la Biélorussie, selon lesquelles ces migrants et ces réfugiés ont été trompés, et amenés à la frontière dans le cadre d’une instrumentalisation politiqueconcède-t-elle. Mais au fond, ces gens sont des victimes : des victimes du gouvernement biélorusse, et maintenant des victimes du gouvernement polonais. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est que ces gens ne passent pas une nuit de plus dans le froid et qu’au lieu d’aggraver la situation par des déclarations belliqueuses, les deux pays concernés travaillent ensemble pour faire retomber la tension ».

Le chantage de Loukachenko

La Pologne refoule ces migrants à la frontière biélorusse, car elle accuse Alexandre Loukachenko de vouloir exercer un chantage sur l’Union européenne en utilisant cette crise migratoire. Des accusations totalement fondées aux yeux de Pavel Latushko, un ancien ministre biélorusse qui a fait défection à l’été 2020.

« Ce qu’il veut, c’est forcer l’Europe à discuter avec lui, et à renoncer aux sanctions économique et politique qui ont suivi la répression du peuple biélorusse, explique Pavel Latushko. Il faut connaître la personnalité de cet homme. Je le connais personnellement, il est très rancunier. Il veut montrer qu’il a du pouvoir, qu’il peut déstabiliser l’Europe. Cet homme fera tout pour rester au pouvoir. Il a provoqué des meurtres, des tortures, il fait des milliers de prisonniers politiques, il a détourné l’avion de Ryanair, il a déclaré une guerre hybride en utilisant des migrants. Tout cela mérite que l’on lance une procédure judiciaire à son encontre. Mais au lieu de prendre le problème à bras-le-corps, l’Europe préfère attendre. Pendant ce temps, il consolide son pouvoir et se prépare à créer encore plus de problèmes à l’Europe. Pour régler ce problème, il faut une action dure et déterminée. Ce ne sont pas des mots et des sanctions individuelles qui suffiront ».

L’Allemagne et la France demandent de nouvelles sanctions

Les gouvernements occidentaux accusent, eux, le président biélorusse de délivrer des visas à des migrants et de les acheminer à la frontière avec la Pologne, le tout avec la bénédiction de la Russie. L’Allemagne réclame de nouvelles sanctions contre Minsk, tout comme la France.

« Tout ce qui se passe, tout ce que fait le régime biélorusse, ça s’appelle tout simplement du trafic d’êtres humains. On utilise des êtres humains, des hommes, des femmes, des enfants qu’on masse à une frontière, qu’on menace pour faire pression sur l’Union européenne, parce qu’il y a eu des sanctions qui ont été prises du fait d’une répression et de l’arrestation d’opposants à la suite de la réélection très controversée du président Loukachenko, a affirmé le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal. On a eu l’occasion de dire, nous aussi, que la réunion des ministres des Affaires étrangères, qui se tiendra lundi prochain, à laquelle participera Jean-Yves Le Drian, devra évidemment se pencher sur de nouvelles sanctions en raison de cette situation qui est tout simplement inacceptable ».

Toujours est-il que de plus en plus de migrants venus de Syrie, du Liban ou de Turquie continuent à se masser à la frontière. Alors que l’hiver s’installe, ils sont pris en étau, poussés vers la Pologne par les forces biélorusses et rejetés par les policiers polonais.

RFI

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here